L'efficience énergétique du numérique en question !

POLYTECH NANTES INFOS
N°23 - Juin 2016
Quel est l'impact de l'externalisation du big data ? Combien coûte l'économie numérique ?  Marc Bidan, enseignant-chercheur à Polytech Nantes, nous explique en vidéo son point de vue sur l'efficience énergétique.


Résumé de la vidéo


Ce qui est connu actuellement sous le vocable générique et "fourre-tout" de big data n'est ni une grosse donnée, ni un gros disque dur, ni une nébuleuse de données.  Il s'agit plutôt d'un énorme volume de données qui croît lui-même d'environ 2,5 milliards de Go chaque jour. Ces données sont fragmentées, dispersées et stockées physiquement dans les usines à données - data center - qui sont réparties dans le monde dans des zones géographiques plutôt tempérées,  sécurisées, électrifiées, non sismiques et non arides comme Dublin ou Amsterdam en Europe ou  Douglas County, Georgie aux USA. Leur consommation d'électricité croît d'environ 5 % par an ce qui explique notamment que l'économie numérique absorbe désormais environ 10% de la consommation mondiale dont la moitié est justement imputable aux data center (l'autre moitié est répartie à égalité entre la consommation des internautes et celle des  réseaux).

Cette croissance dont le mécanisme est implacable - les consommateurs privés et/ou publics veulent toujours plus de réactivité, d'immédiateté, de fluidité et de sécurité donc les offreurs augmentent les capacités de traitement et de stockage des data center tout en leur proposant des terminaux de plus en plus puissants et conviviaux - explique que le fameux big data ne peut qu'augmenter inexorablement tant que la question de son efficience énergétique ne sera pas abordée et posée comme une incontournable contrainte à intégrer dans nos choix et comportements.

La virtualisation et la dématérialisation propres à l'économie numérique ne sont que des éléments de langages destinés à nous faire consommer individuellement des données A pour produire collectivement des (big) données B que nous (sur)consommeront ensuite au travers des algorithmes des menus C produisant indéfiniment des données qui nous apparaitront comme de plus en plus pertinentes et donc que nous percevrons comme de plus en plus utiles et indispensables à nos décisions et actions quotidiennes. Le big data - comme conséquence d'une implacable logique d'externalisation de nos données vers les data center des petits et grands opérateurs de l'internet - en tant que volume de données primaires qui produit mécaniquement des données supplémentaires, agrégées et massives, pose certes à terme la question d'un modèle de société contrôlée et traçable qui s'impose peu à peu mais pose aussi dès aujourd'hui la question de sa performance énergétique. Quel impact ? Pourquoi faire ? Combien de temps ? Quelles propositions alternatives ?  Tout cela nous renvoie donc directement à notre responsabilité de consommateur / producteur de données et dépassant le discours infantilisant centré sur le cloud  !  

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Lettre d'informations n°23

Mis à jour le 16 juin 2016.